TUNIS d'hier vue par un juif
Ancien professeur de médecine, auteur d'ouvrages didactiques sur la médecine et la littérature, romancier et directeur de collection chez un grand éditeur, Paul ZEITOUN n'a pas oublié qu'il est natif de Tunsie, de Tunis et plus précisément de l'ancienne médina de Tunis où il a vécu ses vingt premieres années avant partir pour la France, comme la plupart des jeunes juifs tunisiens.
Dans son roman "C'ETAIT HIER A TUIS - Mardochée se souvient" publié en juin 2016 chez les éditions ANFORTAS , le personnage - par le grâce d'un AVC qui le laisse cloué au lit plusieurs jours avant de mourir - revient sur la vie à Tunis des juifs dans le premier mitan du siècle dernier.
Le récit est certainement autobiographique, bien que l'ouvrage est classé dans la catégorie "roman" : certaines pages sont d'une sincérité et d'une vérité troublante quant à la vie des juifs de Tunis et de leurs relations avec les autres communautés et seul celui qui a vécu cette vie pouvait en parler ainsi.
J'ai été en effet assez sensible à la description que fait l'auteur du conflit ou du moins de manque total d'osmose qui régnait entre les juifs indigènes, descendants des amazighs et qui se font appelaits les "Touansa" et les "Grana" juifs issus de l'immigration, pourrait-on dire, qui a suivi la reconquista et l'expulsion des juifs d'Espagne. Si les premiers sont restés pauvres et proches des autres tunisiens , les seconds appartiennent à la classe riche et ocidentalisée.
L'auteur revient aussi sur l'attachement des beaucoup de juifs "touansa" à leur pays et leur désir d'y continuer à vivre, en dépit des grosses difficultés que leur a imposées par exemple le régime de Vichy et l'occupation allemande.
Il ne manque pas par ailleurs de faire référene aux activistes sionistes qui ne trouvaient pas un accueil très favorables auprès de leurs coreligionaires tunisiens!
La vie quotidienne de cette communauté est décrite avec une certaine munitie, avec les habitudes sociales, les contraintes religieuses, les tabous, mais aussi les fêtes, les mariages arrangés, les commerçants avides de gain, bref la vie de tous les jours d'une communauté minoritaire, mais soudée malgré quelques frottements de classe.
Ce roman n'est pas une grande oeuvre littéraire, certes, mais il nous introduit dans un monde disparu et oublié et que peut-être beaucoup regrettent, sans oser l'avouer!