Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
CITOYEN HMIDA
3 octobre 2020

MARRAKECH sous la loupe (partiale et partielle) d'un anthropologue français

Un titre qui interpelle : " MARRAKECH ou le souk des possibles ".

Un auteur qui semble très sérieux : Michel PERALDI  est anthropologue, directeur de recherche à l'IRIS et auteur d'études sur d'autres métropoles, notamment Marseille et Casablanca.

Une édition marocaine, soignée comme toujours avec LE FENNEC et datant de mars 2020.

Bref, une lecture qui s'annonce enrichissante ! Et elle l'est en effet.

Marakech-ou-le-souk-des-possibles

 

En général, avant de me lancer dans ce genre de livre, je fais un petit tour d'horizon pour savoir ce que la critique en dit. Cela ne m'influence pas, mais cela m'aide à y voir clair.

L'hebdomadaire TEL QUEL, dans un  aritcle non signé  présente  cet ouvrage comme " le récit généalogique de l’énigmatique montée en puissance de Marrakech, qui est aussi la réinvention permanente d’une fantasmagorie sur fond d’orientalisme"..

Pas de quoi éveiller ma curiosité tant ces quelques mots donnent l'impression que leur auteur n'a pas lu le livre et qu'il s'est contenté, comme le font souvent nos prétendus critiques littéraires, de reproduire les éléments de langage mis à sa disposition par l'éditeur!

Par contre le site  POLITIS  est plus explicite et signale que l'ouvrage  - qualifié de "beau travail" -   retrace l’histoire de cette industrie touristique créée par Lyautey dès le début du XXe siècle et analyse les transformations récentes de la ville entre néolibéralisme et orientalisme.  

ALTERNATIVES ÉCONOMIQUES estime pour sa part qu'il s'agit de "une analyse qui écorne la carte postale, mais lui confère aussi une épaisseur sociologique".
La revue MOYEN-ORIENT trouve que l'ouvrage "soulève le voile de la réussite pour révéler une illusion et de nombreux maux dont les premières victimes sont les habitants de Marrakech".
Enfin, l'auteur  dans un entretien avec la plateforme ECONOMIA.ma du Centre de Recherche de HEM nous explique sa démarche :  "Comme l’ont toujours fait les anthropologues lorsqu’ils font du « terrain », je me suis installé à Marrakech pour éprouver ce que y vivre  veut dire, pour rencontrer les habitants, pour en comprendre et en explorer la bibliothèque imaginaire". 
Ces différentes observations m'ont encouragé à entreprendre la lecture de cet ourage. Et j'utilise à dessein le mot "entreprendre" car cette lecture n'a pas été aisée tout en étant extrèmement captivante.
Que pouvait donc tirer le lecteur lambda que je suis d'un ouvrage aussi sérieux sur une ville d'apparence aussi frivole que Marrakech? 
Je ne suis pas un fanatique de la "ville ocre" mais j'aime bien y passer quelques jours, m'emprègner de son coté faussement authentique, y sentir l'impression de jouer au touriste. J'apprécie l'humour marrakchi, le côté faussement bon enfant de ses habitants...Là, je me rends compte que j'ai utilisé deux fois de suite la formule " coté faussement" ..Je crois que cet aspect-là que je n'arrive pas à comprendre : Marrakech me parait être ue ville "fausse" contrairement à Fez ou Oujda (ville que j'aime pas), ou encore Tétouan ou Essaouria, Même Rabat, ville éminamment administrative jouit d'un charme profond que ne possède pas Marrakech!
J'ai été immédiatement intéressé par le travail de Michel PERALDI  qui d'emblée pose le vrai problème en intitulant son introduction ainsi : "MARRAKECH, UNE MARCHANDISE MAIS AUSSI UNE VILLE"..
Et tout au long de son étude, il va tenter d'en détricoter la légende qui depuis le début du siècle dernier, et donc avec l'arrivée des troupe française, alors que le pays  est en pleine effervéscence contre le pouvoir du sultan et le traité de protectorat qu'il a signé.
Marrakech, aux confins du pays, loin du pouvoir central et dominée par une dynastie de féodaux affidés des français, va longtemps accueillir une floppée d'aventuriers et d'orientalistes en mal d'exotisme.
Marcel PERALDI donc passer en revue les différentes étapes qui - tout au long du siècle dernier - ont font passer Marrakech de "l'immense camp en boue sèche" selon les frères Tharaud en 1920 à la Marrakech actuelle vouée au tourisme mondial. 
L'étude de Marcel MERALDI, parfaitement menée et très documentée,  péche pourtant par son approche même : elle est essentiellment tournée bers les étrangers installés ou de passage à Marrakech, la part réservée aux nationaux étant plus que congrue!
Il évoque les "clandestins européens" ....
Il parle de "un monde où l"esthétique tient lieu d'éthique"...
La dernière phrase de son livre résume cette démarche que je qualifierai - si je peux me permettre ce néologisme - de XENOCETRISTE.   Il qualifie ces étrangers qui vivent à Marrakech de "citadins mais non citoyens puisque la citoyenneté passe encore par l'ancrage"..
 
Finalement, l'impression assez desagréable  que je garde de ce livre est que - ainsi qu'il en fut pour Tanger - Marrakech n'a d'existence que par l'existence des étrangers qui y ont séjourné.
Les habitants de Marrakech ne sont là que les servir : l'auteur réserve d'ailleurs plusieurs chapitre à ces relations "ancillaires" :
      - chapitre 3  (première partie) : L'entre-deux guerres : les caprices font la ville.
      - chapitre 5 (deuxième partie) : L'esprit du nouveau bazar.
       
      - chapitre 9 (troisième partie) : Entrepreuneurs et domesticité.
Marakech, ville du circuit touristique monial, oui bien évidemment ...Mais je pense que la population de cette métropole forte de son million d'habitants, donc  troisième ville du pays, mérite beucoup plus d'intérêt que la poignée d'étrangers, fort intéresans à tout point de vue, qui l'ont tranversée ou qui s'y sont installés.
Aux sociologues et anthropoloques nationaux d'entreprendre des recherches dans ce sens.
Publicité
Publicité
Commentaires
CITOYEN HMIDA
Publicité
Archives
Derniers commentaires
CITOYEN HMIDA
Visiteurs
Depuis la création 14 949
Publicité