LE LIVRE DE TROP

Si j’étais auteur, mon souci serait de choisir un bon titre pour mon livre. De préférence un titre qui ne serait pas déjà pris. Or, il se trouve que le roman que je viens de lire porte exactement le même titre qu’un roman de l’écrivain albanais Ismael KADARE paru chez Faillard en 2009.

J’avais déjà signalé dans un billet précédent cette anomalie à propos de LE SILENCE BLANC de Mokhtar CHAOUI, paru en 2015 chez les éditions SALINA.

Maladresse des auteurs, négligence des éditeurs…En tout cas, irrespect complet pour le lecteur, même novice!

Venons-en donc au livre en question : LE DÎNER DE TROP de Yasmina RHELJARI paru début 2018 aux éditions LE FENNEC

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D’abord, la forme ….

Pour moi, un livre doit être implacablement réalisé, avec une typographie et une mise en page simple mais agréable, respectant les règles élémentaires en la matière. C’est un signe de respect pour le lecteur et de sérieux de la part de l’éditeur et de l’auteur.

Ce n’est pas le cas pour ce roman!

Par ailleurs, des coquilles et les fautes d’orthographe fourmillent Et une ponctuation, très approximative sinon désastreuse, ou parfois absente, rend malaisée la compréhension du texte.

Ensuite le style ….

L’auteur recourt à des guillemets de façon systématique, chaque fois qu’elle ne trouve pas le mot exact pour exprimer son idée de façon précise, comme une adolescente qui userait de ce petit signe en agitant des mains, les DOIGTS croisés, pour nous préciser que son propos à un autre sens.

Parfois, Yasmina RHELJARI ose des néologisme, comme “invibiliser” mais n’hésite pas devant des facilités d’écriture comme l’usage du verbe passe partout “faire”, faire son scandale par exemple , ou de formules argotiques inappropriées, comme “la sappe” qui relève plus du langage des rappeurs que de celui des riches bourgeois marocains!

Ces petits détails irritent le lecteur et discréditent les efforts de l’écrivain.

Enfin, l’intrigue ….

L’idée est intéressante : Maryama invite deux couples d’amis pour leur présenter son fiancé! Maryama est une quinquagénaire divorcée, ses amis forment des couples en totale déliquescence, son fiancé est avocat lui-même divorcé, plutôt mal ‘ailleurs.

Mais mon Dieu, que tout cela semble superficiel, et surtout artificiel…Les personnages ressemblent à des clichés sur papier glacé, les dialogues qui se veulent parfois piquants ou même acerbes, relèvent plus des échanges entendus dans les feuilletons télévisés destinés à étirer sans fin les scènes plutôt qu’à les pimenter…Les situations sont attendues, malgré des efforts laborieux de l’auteure pour installer un suspens inexistant.

Je crois que Yasmina RHELJARI aurait pu ou dû confier à Leïla SLIMANI son idée de son livre et lui en laisser le soin de la rédaction finale : la plume (le clavier plutôt) de Leila Slimani aurait parfaitement su rendre, dans une langue française parfaite, l’atmosphère particulièrement européenne de ce roman qui prétend se dérouler au Maroc et avec les personnages marocains, si l’on s’en tient aux prénoms des protagonistes, aux lieux décrits et aux personnages secondaires jouant bien entendu les utilités comme le jardinier, la cuisinière ou le pêcheur.

Disons que ce premier roman n’est pas une réussite que la presse veut bien nous faire croire – mais nos journalistes ont-ils jamais lu les livres dont ils parlent ? Il laisse pourtant présager un certain talent, qui nécessite pour s’affiner beaucoup de rigueur et d’imagination.

P.S. : au fait, pourquoi donc Yasmina Rheljari donne-t-elle, la recette de la pavlova à la fin de son livre? Imaginerait-elle que ses lecteurs marocains ne connaissent pas ce dessert relativement basique dans la cuisine françaçse?

P.S. : il se trouve que dans le roman de Ismael KADARE, il s’agit aussi d’un dîner, mais organisé pour quelque chose de bien plus sérieux que des histoires de couples en difficulté. Je vous parlerai si je lis un jour ce roman.