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CITOYEN HMIDA
12 mai 2017

FAMINE...MISERE...HIER OU AUJOURD'HUI?

Soufiane MARSNI, après avoir publié deux recueils de nouvelles en 2003 et 2009, signe son premier roman “LA GRANDE FAMINE” publié en ce début 2017 chez les éditions MARSAM.

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D’emblée, l’auteur plante le décor de son roman par cette la première phrase : “La grande famine qui frappa le Maroc dans les années quarante provoqua une émigration massive vers les villes“.

Cette période de l’histoire de notre pays est assez mal connue de nos concitoyens, les plus âgés préférant l’oublier, les plus jeunes l’ignorant complètement. Qu’un romancier s’y intéresse est tout à son honneur car c’est un moyen intelligent et peut-être ludique de revisiter notre passé somme toute récent mais occulté.

Le roman relate l’histoire d’une famille de paysans du Maroc profond, chassée de son douar à la suite de la famine provoquée par la réquisition des récoltes par l’occupant français. Ces paysans déracinés vont tenter de s’installer dans la périphérie de Casablanca où le père croit pouvoir trouver du travail.

Dépendant des “bons” donnant droit à de misérables rations alimentaires, cette famille connaîtra l’enfer de la faim et de l’humiliation. La mère restée seule avec ses filles, après la mort accidentelle du père dans un chantier où il était employé comme journalier, usera de tous moyens et de tous les stratagèmes pour subvenir aux besoins de sa progéniture. L’auteur a su rendre, avec un certain talent, toute la misère qui écrase ses personnages.

Ainsi, certains passages du roman rappellent-ils très vaguement quelques pages de “LES RAISINS DE LA COLÈRE” de John STEINBECK, sans en atteindre ni l’intensité ni le pathétisme, notamment celles où l’auteur décrit le voyage de la famille vers la grande métropole.

Mais la technique narrative choisie par l’auteur finit par montrer ses limites : en nous décrivant le Maroc “dial 3am al boun”, Soufiane MARSNI nous parle en fait du Maroc d’aujourd’hui, de ses bidonvilles, des ses moqaddems qui y font la loi, des distributions de denrées de première nécessité lors des campagnes caritatives ramadanesques, des écoles publiques en déliquescence, du travail au noir, de l’exploitation des petites bonnes, bref des maux qui minent encore actuellement notre société.

Pourquoi alors évoquer ce Maroc des années quarante qui mérite d’être décrit, étudié, analysé, en calquant des situations actuelles : la misère d’hier est-elle plus acceptable de celle d’aujourd’hui?

Malgré son style fluide et précis, j’ai le sentiment que Soufiane MERSNI nous a un peu floués, surtout que son récit se perd, dans les derniers pages, dans un dédale assez confus de situations intemporelles qui n’ont qu’un rapport tout relatif avec le Maroc des années noires ! Mais son roman a le mérite d’ouvrir la voie de l’imagination vers ce Maroc occulté officiellement et oublié individuellement.

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