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CITOYEN HMIDA
22 février 2016

Un marocain qui parle de son pays autrement.....

 

Enfin, un auteur francophone marocain qui écrit correctement la langue de Molière : c’est le moins qu’on puisse exiger d’un professeur de littérature française, me diriez-vous! Certes!

Les premières pages du recueil de nouvelles “RIRES ET INSIGNIFIANCE A CASABLANCA” de Issam-Eddine TBEUR, paru chez Virgule Editions en mai 2015, m’ont effet captivité et la lecture de la dizaine de textes ne m’a pas déçu.

RIRES

Il faut reconnaître d’emblée que Issam-Eddine TBEUR a la plume (ou plutôt le clavier) alerte, qu’il manie avec aisance l’imparfait du subjonctif et que son vocabulaire foisonnant flirte parfois avec un certain maniérisme. En effet, pourquoi recourir à des vocables comme “haridelle”, “dysphorique”, “méphitique” , utiliser ce mot si laid de “vastitude” et “imbitable” ou bien qualifier la peau d’une jeune fille de “lactescente” ou encore parler d’ “onomastique”?

Il faut aussi reconnaître qu’il situe ses nouvelles dans des décors assez insolites que beaucoup voudraient occulter : il nous entraine souvent dans des bars malfamés, devant des bières, des entraîneuses et des clients tout aussi maléfiques. Glauque et déprimant, mais son regard sur ce monde est très juste, sans concession, sans mépris, sans jugement moral.

Une des nouvelles a pour cadre un élément essentiel de la vie urbaine : le taxi, sauf que le chauffeur ici est un doctorant en sociologie qui prépare une thèse sur comportement des travailleurs soumis au stress occasionné par la navette ferroviaire entre casa et Rabat. Original, c’est le moins que l’on puisse dire!

Forcément, l’auteur parle de tourisme et même qu’il s’y prend de façon fort intelligente : dans Marrocan Gigolo, on retrouve les “touristes séxuels” dont font la principale source de devises de ce pays et dans “Seul émerveillement compte….”, le tourisme est abordé du point de vue des autorités responsables! Mais l’auteur a eu l’idée de génie de mêler au problème du tourisme une question bien plus délicate : celle du protocole des cérémonies officielles et des contraintes qui y sont liées. Des pages délicieuses et absolument inattendues de la aprt d’un auteur marocain.

Je ne vais faire le tour des autres textes ….Si quand même, il faut que je m’arrête sur le texte le plus long intitulé “Les hirondelles de Casablanca” où une fameuse réplique de “Hamlet” de William Shakespeare (acte 1 scène 4) joue un rôle central entre des “révolutionnaires fumeux” et un commissaire de police nostalgique de ses années d’études le littérature anglaise, sur un fond de derby casablancais qui tourne très mal:

Something is rotten in the state of Danmark!”

Le héros de cette nouvelle l’a reprise pour son compte pour une manifestation qu’il a organisé avec une dizaine de ses amis pour scander : “Il y a quelque chose de pourri dans le royaume….“!

Décidément, Issan-Eddine Tbeur n’est pas un auteur marocain comme nous avons l’habitude d’en lire! Et c’est tant mieux !

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